Quel prénom du monde pour mon enfant ?
Les effets de la globalisation n’épargnent pas les prénoms. De Melbourne à Washington, en passant par Paris, les stars du moment partent à la conquête de vastes empires. Ainsi, Adam, Ethan, Gabriel, Léo, Liam, Lucas (Luca, Lukas), Noah et Oscar rencontrent un succès retentissant en Europe et dans les pays anglophones. Chez les filles, c’est à l’échelle planétaire qu’Alice (Alicia), Anna, Emma, Eva (Ava), Julia, Mia, Olivia, Sophia (Sofia) et Victoria se propagent. Dans le même temps, la décote des stars d’hier prend des ampleurs inédites. Ainsi, après avoir longtemps brillé, Nathan, Thomas, Lily et Lucie (Lucy) accusent une décroissance généralisée dans de nombreux pays.
L’engouement pour les prénoms venus d’ailleurs est l’une des dynamiques de cette globalisation. Il permet la diffusion de prénoms oubliés, de choix inédits, inventés ou débusqués à l’autre bout du monde. Les parents désireux de trouver la perle rare ont d’autant plus de facilité qu’Internet leur ouvre toutes les frontières.
Cette liberté s’est traduite par l’essor de prénoms hindous, perses, et indiens d’Amérique (exemples : Cheyenne, Indira) aux États-Unis comme en Angleterre. En France, cette quête d’exotisme a introduit des nouveautés chinoises (Meï, Tao), indiennes (Uma, Mani, Rohan), japonaises (Ken, Hanaé), slaves (Milan, Vadim, Mila, Tania), scandinaves (Liv, Solveig, Nils, Sven) et tahitiennes (Teva, Moana). Sans oublier l’arrivée d’innombrables succès européens.
Au milieu de cette déferlante, la vague des prénoms anglo-américains est toujours puissante, mais l’influence des choix européens est devenue incontournable. La percée de petits noms italiens (Clara, Giulia, Enzo, Nino), espagnols (Inès, Lola, Pablo) et irlandais (Aïdan, Evan, Liam, Nolan) n’est pas uniquement observée dans leurs terres d’origine. Ils se répandent dans toute l’Europe et bien au-delà (outre-Atlantique notamment).
Évidemment, tous les prénoms ne s’exportent pas n’importe où. Les succès de Maëlys, de Camille, Romane et Manon n’ont guère fait d’émules en dehors des contrées francophones. Il est vrai que ces sonorités sont spécifiquement françaises. Reste que pour s’adapter à un pays d’accueil, de petits moyens font souvent l’affaire. Pour s’épanouir en terres hispanophones, Anna se déleste souvent d’un « n ». Pour séduire les parents anglophones, quoi de plus simple pour Nicolas que d’arborer un « h » ? Il arrive aussi qu’un prénom change du tout au tout. C’est le cas d’Ethan qui s’est transformé en Izan pour conquérir l’Espagne.